C’est quoi une revue scientifique ?

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Dans deux précédents articles publiés sur ce site (Partie 1 et Partie 2), nous vous avons présenté les grandes étapes typiques que les chercheurs traversent jusqu’à la publication de leur étude dans une revue scientifique. Dans cet article, nous allons brièvement présenter ce que sont ces revues scientifiques, et en quoi elles se distinguent des magasines et des revues classiques que l’on retrouve dans nos librairies.

C’est quoi une vraie revue scientifique ?

Le but des revues scientifiques destinées au grand public comme Science & Vie, Psychologies Magazine est de rendre accessible et de vulgariser les avancées et découvertes scientifiques au plus grand nombre de personnes. Les journalistes qui y travaillent reprennent les articles scientifiques les plus marquant (une infime partie de ce qui est publié chaque année) qui paraissent dans les revues scientifiques spécialisées. Ce sont ces revues qui nous intéressent, en majorité inconnues du grand public à l’exception des plus prestigieuses comme Nature ou Science. Différentes disciplines ont leurs revues : mathématique, géologie, linguistique, médecine, biologie, agriculture, neuroscience, vétérinaire, psychiatrie, psychologie, etc. Au sein d’une seule discipline on retrouve d’autres revues plus ou moins précises. En ne considérant que la psychiatrie et la psychologie par exemple, on peut trouver des revues qui traitent uniquement de : psychopharmacologie, psychanalyse, adolescence, psychologie sociale, psychologie des entreprises, addictions en général, alcool, addictions comportementales, comportements liés au jeux vidéo, émotions, trauma, etc.

Beaucoup (trop ?) d’articles

En 2010, Arif E. Jinha de l’Université d’Ottawa (Canada) a réalisé une étude1 afin d’estimer le nombre total d’articles scientifiques parus depuis 1665 dans Le Journal des Sçavans que l’on estime être la première revue scientifique de l’époque moderne. Bien qu’il soit impossible d’avoir le chiffre exact, on estimait avoir dépassé les 50 millions en 2009.

On estime qu'environ 50 millions d'articles scientifiques ont été publiés entre 1665 et 2009

Comment un tel chiffre est-il possible en si peu de temps ? Il a fallu la fin de périodes sombres et des successions de guerres pour qu’explose le monde de la recherche, tout domaine confondu, et de façon très exponentielle. L’arrivée d’Internet a permis à de nombreuses revues d’exister uniquement au format numérique en se libérant de la presse papier (plus coûteuse pour les éditeurs et moins accessible pour les chercheurs qui doivent aller en bibliothèque et espérer que le numéro voulu soit disponible). En version numérique, ces revues peuvent être plus nombreuses, variées, précises, paraître plus régulièrement, et proposer plus d’articles par numéros.

Toujours plus…

On pourrait penser qu’avec ce nombre de revues, chacun y trouverait son compte. Pourtant, la compétition n’a jamais été aussi grande entre chercheurs mais aussi entre les revues du monde entier. Plusieurs revues ont ce qu’on appelle un facteur d’impact (impact factor) qui permet d’évaluer sa qualité par rapport aux autres.

Pour faire simple, disons que le but d’une revue scientifique est d’être la plus lue possible. Pour cela, un chiffre est calculé tous les deux ans, pour chacune des revues possédant un facteur d’impact. Ce chiffre représente le nombre de fois qu’un article paraissant dans cette revue a de chances d’être cité par la suite dans une autre étude. Autrement dit, si vous êtes publiés dans une revue avec un facteur d’impact de 3, vous pouvez estimer qu’au moins trois autres études minimum vous citeront dans le futur.

Être cité est important pour un chercheur car cela montre qu’il a été considéré comme ayant produit une étude scientifiquement valable, sur laquelle on peut se baser pour réaliser d’autres études par la suite.

et toujours mieux (?)

Comme évoqué ci-dessus, il est toujours impossible d’avoir le chiffre exact du nombre de revues disponibles, mais on estime à ce jour qu’il existerait environ 30.000 revues différentes pour un total d’environ 2 millions de nouveaux articles publiés chaque année. Parmi toutes ces revues, environ un tiers seulement possède un facteur d’impact qui lui est associé. Celles avec un facteur élevé sont très prisées et doivent donc rejeter massivement les demandes. Celles qui ont un facteur d’impact plus modeste, voire très faible ou nul, sont souvent ignorées des chercheurs souhaitant publier, ou sont choisies en tout dernier recours lorsqu’un article a été rejeté de toutes les principales revues.

Si l’on récapitule : d’un côté des milliers de chercheurs souhaitent publier leurs études, de l’autre il existe un nombre élevé de revues mais seulement quelques-unes sont massivement visées/prisées.

Que retenir ?

Contrairement aux siècles précédents où le nombre de chercheurs était réduit et le nombre de publications limitées à cause du papier, l’arrivée d’Internet a permis une explosion de la recherche scientifique. Il est par contre plus difficile aujourd’hui pour un scientifique de sortir de la masse et de faire remarquer son étude. 

Articles cités :

1Jinha, A. E. (2010). Article 50 million : An estimate of the number of scholarly articles in existence. Learned Publishing, 23(3), 258‑263. https://doi.org/10.1087/20100308

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